En amont du Salon Provinlait qui se déroulait à Requista les 24 et 25 avril, le projet Life GreenSheep a proposé une visite d’un élevage innovant, situé à proximité, le mardi 23 avril, en partenariat avec la coopérative UNOTEC qui suit et conseille cet élevage. 19 personnes se sont ainsi retrouvées chez Damien Saint-Geniez à Rullac St Cirq pour découvrir quels leviers sont mis en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en améliorant la durabilité de l’exploitation.
Le GAEC Saint-Geniez est situé en zone du Ségala dans l’Aveyron. Son atelier ovin lait compte 320 brebis laitières de race Lacaune en sélection. Elles produisent environ 100 000 litres de lait vendu à la Société des Caves pour une transformation en AOP Roquefort. Damien, l’éleveur participe au projet Life Green Sheep en tant que ferme innovante. Un diagnostic environnemental CAP2ER de niveau 2 a été effectué à l’échelle de l’exploitation par un technicien d’UNOTEC. Les performances environnementales de l’atelier ovin lait ont été évaluées, et des leviers ont été mis en place pour tenter de réduire son impact environnemental.
Après un diagnostic CAP’2ER niveau 2 effectué sur l’année 2021, le point d’amélioration principal pour réduire les émissions de gaz à effet de serre semble être l’alimentation. En effet, chaque couple brebis/agneau reçoit environ 269 kg de concentré par an. Ainsi, les émissions liées aux aliments sont 1,5 fois plus élevées par rapport à un système moyen en Ségala. Les leviers mis en place par l’éleveur et son conseiller ont donc été de remplacer les tourteaux de soja par un aliment complet à 33% de MAT, de suivre le volume d’herbe dans les prairies et de diminuer la quantité de concentré distribuée au pâturage.
Une motivation de l’éleveur à la mise en place des leviers :
La motivation principale de l’éleveur pour mettre en place ces leviers est d’abord économique. « Quand on voit que le prix des aliments peut passer du simple au double, on a été poussé à réfléchir », déclare l’éleveur. Le défi était donc d’obtenir une ration de même qualité, qui ne coute pas plus cher. L’éleveur pense aussi que « l’environnement est un sujet d’actualité important », il se demande même si ses « aides ne vont pas dépendre des gaz à effet de serre un jour ». Enfin, les leviers évoqués permettraient également de « sécuriser la production » et de ne pas être « dépendant des aliments importés ».
Des résultats économiques, environnementaux et techniques améliorés :
Un nouveau diagnostic CAP’2ER a été réalisé sur l’année 2023 suite à la mise en place des leviers d’action. Les gains économiques réalisés liés à l’optimisation environnementale s’élèvent à 20 euros/EMP (Effectif Moyen Présent) en moyenne. Les émissions brutes de GES ont été réduites de 14%. La consommation en énergies fossiles a diminué de 30% notamment grâce à l’arrêt du tourteaux de soja. L’exploitation a gagné en autonomie fourragère et en concentrés (+ 5% et 16% respectivement). La consommation en concentrés à diminué de 50kg/EMP sans pour autant altérer la production laitière.
Et pourquoi pas moi ?
D’après le conseiller d’UNOTEC chaque ferme est différente et les leviers d’action mis en place sont divers. La motivation principale des éleveurs à la participation à un tel projet semble être l’aspect économique puisque souvent, des gains économiques accompagnent la mise en place des leviers d’action. Un budget partiel est effectué avant tout changement de pratique pour estimer d’éventuelles pertes économiques, le cas échéant la pratique n’est pas adoptée. Beaucoup d’éleveurs accordent également de l’importance à l’aspect environnemental et souhaitent s’améliorer. Les pratiques mises en place visent à atténuer l’impact environnemental, mais s’avère parfois être des moyens d’adaptation au changement climatique, par un travail sur l’autonomie alimentaire par exemple.