Au Gaec Les Jassines comme dans plus de vingt fermes ovines du Vaucluse, le diagnostic CAP2ER confirme les impacts positifs des systèmes pastoraux et apporte une preuve chiffrée de pratiques déjà vertueuses. Il permet aussi d’identifier des pistes de progrès. Cette démarche informe et sensibilise les éleveurs, outille les conseillers et enrichit les connaissances collectives sur l’empreinte carbone de l’élevage. Elle permet aussi de mieux répondre aux attentes environnementales des citoyens tout en renforçant une dynamique de progrès partagée au sein de la filière. Témoignages croisés de Ruth NIJMEIJER – associée au Gaec les Jassines à Castellet en Luberon (84) et de Claire GUYON, conseillère ovine à la Chambre d’agriculture du Vaucluse



Ruth NIJMEIJER – associée au Gaec les Jassines à Castellet en Luberon (84)
Que vous apporte ce diagnostic CAP2ER ?
Cela nous conforte dans nos pratiques. On savait qu’on était pas mal « vert » et ce diagnostic confirme qu’on est dans le bon. Nous avons toujours fait attention à avoir le moins d’impact possible sur l’environnement avec des pratiques plutôt neutres, c’est important pour nous de prendre soin de la planète, dans la mesure du possible.
Que retenez vous de résultat de ce diagnostic ?
Le bilan est positif ! On a plus de bons points que de mauvais, grâce notamment au pastoralisme. Cela demande beaucoup de travail et d’impliquer souvent toute la famille, mais c’est un système d’élevage qui nous correspond. Jean-Paul a été le premier à s’installer. Il s’est orienté directement vers ce système qui est assez courant chez nous. Pour lui ça coulait de source. C’est aussi lié au manque de surfaces dans la région et la nécessité d’aller sur ces surfaces peu productives de parcours, pour nourrir le troupeau. Quand je me suis installée, nous avons continué sur cette lancée de pratique. On est content de voir que dans le diagnostic, ce système d’élevage ressort « vert ».
Comment pensez-vous valoriser ce diagnostic ?
Hé bien il y a le panneau qui nous a été donné. On va l’afficher, ce qui sera bien par rapport à notre activité de vente directe. Cela va montrer aux gens que notre ferme est dans une dynamique verte. Ça fera un p’tit plus.
Par chez nous, les gens savent qu’on doit faire attention à la nature, à manger local chez des éleveurs qui essaient de faire attention à l’environnement. Dans la continuité avec notre conversion en bio, la participation à ce projet sur l’empreinte carbone montre que notre ferme est dans une dynamique qui correspond à leurs attentes.
En quoi peut-il être utile à la filière ovine, notamment vis-à-vis des questions que se posent les citoyens sur l’élevage, ses produits et son impact ?
C’est bien que ce diagnostic soit fait chez pleins d’éleveurs. Les résultats doivent être plus intéressants dans d’autres coins de France où les pratiques sont plus intensives ; puis, même s’il montre chez nous qu’on est déjà bon, il y a toujours des points d’améliorations, des évolutions à faire dans les pratiques. Par contre, il ne faudrait pas que ça soit utilisé pour permettre à d’autres de polluer ! C’est important que cela lance une dynamique de pratiques vertes qui ne soient pas ensuite détournées pour minimiser les mauvaises pratiques de certains…


Claire GUYON – Conseillère ovin à la Chambre d’agriculture du Vaucluse
Que vous apporte ce diagnostic dans vos métiers ? Quelles informations complémentaires apporte-t-il ?
Le diagnostic Cap’2ER m’a permis de me former sur le sujet de l’élevage & l’environnement. De plus en plus de personnes dans mon entourage personnel et professionnel, deviennent végétariennes pour des raisons environnementales. Travaillant uniquement avec des éleveurs ovins viande, cela me donne l’impression d’être pointée du doigt alors que je suis convaincue que la pratique d’élevage pastorale de notre département est plutôt vertueuse.
Ce projet m’a permis de mieux comprendre quels étaient les impacts de l’élevage sur l’environnement, notamment en termes d’empreinte carbone. Je dispose maintenant des connaissances nécessaires pour argumenter et discuter du sujet.
Les fermes pastorales présentent des résultats plutôt excellents quant à leur empreinte carbone. Elles stockent en effet, plus de carbone que ce qu’elles émettent. Néanmoins nous avons vu que dans le principe, cela est tout à fait correct, mais que certaines références devaient être affinées. Ce projet nous permet de faire progresser nos connaissances sur le sujet et ceux à différentes échelles (techniciens, éleveurs, syndicats ovin, organismes d’élevage, etc…).
Comment se sont déroulés les diagnostics en ferme ?
J’avais 22 fermes à enquêter en Vaucluse, ce qui représente un nombre important. Ce projet m’a permis de rencontrer des éleveurs que je n’avais jamais côtoyé jusqu’alors et qui sont très intéressants. L’approche avec un diagnostic a pu en surprendre certains, comme Ruth et Jean-Paul, du Gaec les Jassines. Ils craignaient au départ que ce soit une sorte de contrôle et ne souhaitaient pas en ajouter à ceux qu’ils ont déjà. Après plusieurs échanges, ils ont finalement accepté de participer au projet en comprenant que l’idée était surtout d’échanger et de réfléchir aux impacts de leur ferme sur l’environnement.
Je suis actuellement en train de réaliser la 2ème vague de diagnostic en exploitation. J’ai eu la chance de réaliser les premiers en 2022 et retourne maintenant (en 2025) voir des éleveurs que je n’ai pas revu depuis. Cela permet de faire un point sur l’évolution de leur exploitation, sur les orientations qu’ils avaient prévues et qui se sont plus ou moins… réalisées !

